Le 18 juillet 1936, un coup d’état militaire déclenche la guerre civile en Espagne. Cette insurrection militaire est dirigée par la général Francisco FRANCO.
Des centaines de milliers d’enfants, de femmes et de personnes invalides fuient vers la France à la suite de la défaite de l’armée républicaine, vaincue par les troupes franquistes dès 1938. Ce mouvement de population est appelé La Retirada « La Retraite ».
Après la prise de Barcelone, fin janvier 1939, ce sont environ 500 000 personnes qui se présentent à la frontière, le long des Pyrénées.
Beaucoup entrent en France et sont évacués des camps installés dans le sud par train vers les départements qui acceptent de les recevoir.
Près de 3 165 d’entre eux arrivent en gare de Vesoul. Puis ils prennent la direction de Lure, Luxeuil, Gray… pour être dirigés vers une quarantaine de communes, dont Amblans.
Une liste établie le 07 février 1939 fait état de 15 personnes, 1 homme âgé de 80 ans, 10 femmes et 4 enfants (cf ci-joint).
Une femme Conchita GUIN, âgée de 24 ans, est hébergée chez Joseph AUBRY, alors Maire du village. Je ne possède pas d’information concernant le quotidien des ces réfugiés.
Le 25 août, 16 personnes réfugiées à Plancher-Bas arrivent à Amblans dont Aurélia FREIREMOYA, âgée de 14 ans et qui écrit :
« Nous avançons kilomètre par kilomètre, nous voici à Lure. Enfin nous faisons halte, nous sommes à 30 km environ de Plancher-Bas, à 6 km de Lure, dans un petit pays de culture appelé Amblans. Nous sommes logés dans une petite maison où de ma fenêtre, quand vient le soir où tout est calme et semble endormi, j’entends le bruit monotone que font les vaches avec leurs sabots, quand elles rentrent du pâturage. Les fermes groupées qui forment ce petit village, ces champs, ces près, ces montagnes moins hautes que celles de Plancher-Bas, donnent un aspect pittoresque à ce petit pays. Dans ce village, nous avons le bonheur de rencontrer une Espagnole et son fils originaires de Terrasa, ville où habitait ma tante. Nous avons assez à manger, les gens commencent à nous connaître, à nous estimer, et pendant un mois, notre vie suit son rythme tranquille. » témoignage d’Aurélia FREIRE-MOYA, âgée de 14 ans. Dans ces écrits, Aurélia fait référence à Conchita GUIN.
Ces Réfugiés auraient été hébergés au le château.
Mais la déclaration de guerre à l’Allemagne le 03 septembre 1939, va changer le destin de ces Réfugiés. Aurélia déclare «ce jour-là fut assez morose à Amblans, quand les affiches placardées aux murs, quand les ordres de mobilisation arrivaient… ». Certains d’entre eux sont déplacés le 27 septembre au camp de Miellin dans le canton de Melisey.
On ignore où sont internés les autres. Ce camp est une ancienne usine de tissage Rochet. Il héberge environ 650 réfugiés républicains. Là-bas, les conditions de vie sont difficiles. Ils subissent les rigueurs de l’hiver, la faim, le manque d’hygiène. La toilette et la lessive se font à la rivière qui passe près du camp.
Le 15 septembre 1940, il y a encore 34 femmes et 49 enfants dans ce camp.
Parallèlement, le 24 juin 1941, est arrêté à Amblans ASTORGA-BAXO Manuel. Il est relâché le 27 août suivant. Il a été dénoncé comme étant le « chef de l’armée rouge espagnol en France ! ».
Le camp de Miellin est définitivement fermé le 31 décembre 1941.

Certains des pensionnaires de ce lieu ont regagnés leur pays, mais certains d’entre eux se sont fixés en France.
Une stèle en mémoire de ces Réfugiées est édifiée à proximité de ce camp. Elle fut inaugurée le 25 septembre dernier en présence de 7 d’entre eux, dont Aurélia.
Cet article est aussi fait pour raviver la mémoire des plus anciens habitants, afin de recueillir leurs témoignages sur cette période et de les faire remonter aux membres de l’Amicale.
Remerciement à :
Aurélia FREIRE MOYA, présidente de l’association Amicale Camp de Miellin
Sylvie DELYS, secrétaire de l’Amicale
Raymonde TISSERAND
Pierre JEANMOUGIN
Eric Naissant - Janvier 2012